Pourquoi suivre une formation à la part visuelle de l’écriture?

Le cas de l’apprenant Emile T.

Le but de ces formations est simple: faire pratiquer la part visuelle de l’écriture et sensibiliser un public le plus large possible à son importance.

Il s’agit de permettre à ce public d’améliorer l’impact de sa communication visuelle et écrite, tout en ayant à cœur de défendre la part visuelle de l’écriture en tant que pratique d’art et de tradition populaire.

Voilà un objectif joliment tourné. Mais plus prosaïquement: «Qu’avez-vous réellement en main après ces journées de formation?»

Étant donné qu’il est essentiellement question d’images, je vais vous faire des dessins.

Je vous présente les travaux de Émile T., apprenant assidu et virtuel, qui vient de terminer mes deux formations, «L’Abécédaire» et «Le Livret», dans leur version adaptée à un publique adulte lambda.

Émile a fait cette démarche afin de mieux gérer l’image de son activité professionnelle. Même s’il est prêt à déléguer tout ou partie de cette tâche, il veut se donner les moyens d’en être un acteur averti.

Pour toute sa «communication» (cartes de visite, enseigne, étiquettes, présentations électroniques, etc.) il doit faire des choix. Des choix de dessins de lettres et des choix d’inscriptions sur des supports.

Avant d’assister à mes formations, Émile utilisait les dessins de lettres présents sur son ordinateur.

C’était souvent très limité…

ArialTimesComic Sans

Que lui ont apporté ces formations?

Émile sait maintenant qu’il existe à portée de main un monde infini de dessins de lettres. Parfois librement, parfois pour une somme modique, il peut se les procurer sous forme de fichiers informatiques ou sur d’autres supports (pochoirs, jeux de société, tampons encreurs, etc.).

Pochoir Lexicon

Il sait que ces dessins de lettre peuvent différer subtilement ou énormément de ceux qu’il a pu utiliser par le passé.

De plus il sait que chaque année naissent des milliers de nouveaux dessins de lettres. Il a appris qu’ils en meurent chaque année tout autant.

Il sait qu’il peut en dessiner ou en redessiner de sa propre main:

Moi

Il n’a donc que l’embarras du choix.

Aujourd’hui, il est heureux car il a trouvé «LE» dessin de lettre qui lui correspond vraiment:

Campus

Il sait que ce choix est apprécié par certains… et que d’autres personnes ne l’apprécient pas.

Il a appris aussi que ce goût, qu’il soit ou non partagé, était influencé par de nombreux phénomènes extérieurs.

Par exemple, parce que d’autres ont fait ce même choix auparavant…

Loki Cola
… mais plus généralement parce que chaque dessin de lettre a son histoire.

Cette histoire commence à la naissance du dessin et se termine à la dernière utilisation qui en est faite.

AbileneCette histoire, le dessin de lettre la raconte, que vous le vouliez ou non. Un peu comme une deuxième voie qui se superposerait à votre parole. Alors cette histoire autant la connaître: elle est donc au programme de ces formations.

Il a constaté que son goût personnel et que cette histoire peuvent être plus ou moins en adéquation avec l’activité professionelle qu’il veut promouvoir.

Fette_FrakturTrajanMais il a appris aussi que la créativité, gage d’une image de marque de qualité, c’est mettre ensemble deux choses qui n’ont pas forcément de point commun au premier coup d’œil.

Par exemple le dessin de lettre ci-dessous:

Banco

Il a appris qu’il avait été dessiné en 1951 pour l’impression publicitaire. A partir de là ce dessin a longtemps été utilisé en France pour des enseignes commerciales (avec une prédilection pour les boucheries/charcuteries).

Charcuterie Banco

Plus récemment, et après une période de relative désuétude, un magazine de skateboard d’Amérique du Nord lui a donné une nouvelle vie en l’utilisant pour son titrage.

Thrasher Skateboard Magazine

Émile sait donc que ce dessin de lettre sera, a priori, plus adapté pour une devanture d’un magasin de «Streetwear» que pour une officine de lingerie féminine…

J’ai bien dit «a priori».

***

Mais ce qui a le plus surpris Émile c’est que tout autant que les choix de dessins de lettres, le choix des blancs qui entourent ces lettres est très important.

Qu’il s’agisse du blanc entre les lettres…

Bebas NeueBebas Neue

… ou qu’il s’agisse de l’ensemble du blanc de la surface dans laquelle les lettres s’inscrivent.

Bebas NeueBebas Neue

Ces blancs ont autant de sens que les lettres et les mots qu’ils entourent.

***

N’oublions pas pour finir, qu’il sait que s’il suit les règles typographiques françaises en vigueur aujourd’hui, la lettre majuscule qui commence son prénom («É») doit être accentuée. Mais que pour des tas de raisons, plus ou moins bonnes, il peut s’en abstenir.

Toutes ces choses, et bien d’autres encore… il sait maintenant qu’elles font leurs petits effets.

Il sait que ces/ses choix enrichissent les rapports humains, qu’il s’agisse d’être vu, lu, remarqué, connu, ou simplement de se sentir bien dans son écriture.

***

Quelle est ma méthode pédagogique?

Ludique, pratique et simple, autour de l’histoire de l’écriture. Une histoire un peu particulière entre anecdotes, «Grande Histoire» et histoire de l’art.

Cette méthode donne une grande place au dessin (crayon, papier, etc.) et aux manipulations (découpages, collages, etc.). Si au final c’est souvent une machine que nous utilisons pour imager notre écriture, c’est nous qui devons lui mâcher la tâche… pas l’inverse.

Vous trouverez un aperçu de ma méthode en consultant les deux plans de leçon du menu «Méthode pédagogique».

***

Où et quand auront lieu les prochaines conférences/formations?

Si vous voulez être tenu au courant des prochaines formations, articles et conférences repassez régulièrement sur ce site, inscrivez-vous aux «Dernières nouvelles» ou transmettez-moi vos coordonnés via le formulaire de contact.

Au plaisir de vous retrouver.

Pascal Popesco


Dessins de lettre par ordre d’apparition:
Titre de l’article: Helvetica – Max Miedinger d’après Ferdinand Theinhardt
Corps du texte: Georgia – Matthew Carter, dessin proche sous certains aspects de celui de la Times New Roman
Arial – Robin Nicholas et Patricia Saunders d’après Max Miedinger
Times New Roman – Stanley Morison d’après Frank Hinman Pierpont
Comic Sans MS – Vincent Connard d’après les écritures des bandes dessinées
Pochoirs – PBX Tools d’après les lettres utilisés sur les fûts de vin et les véhicules militaires
Lexicon – Jeux Miro d’après des majuscules de la classe des «Réales»
Mojo – Jim Parkinson d’après Wes Wilson
Aileron Ultra Light – Sora Sagano, belle alternative à l’Helvetica Ultra Light
Chalkduster – Apple Computer Inc d’après une écriture manuscrite à la craie
Moi – Émile T. d’après un vague souvenir
Campus MN – Trip Productions BV d’après les lettrages utilisés par les équipes sportives universitaires d’Amérique du Nord
Loki Cola – Dale Harris/Thorpe d’après le lettrage d’une marque de boisson courante
Abilene – Casady & Greene d’après les lettrages en vogue lors de la «conquête» de l’Ouest américain
Fette Fraktur – artiste inconnu d’après C.E. Weber Foundry d’après une graphie germanique traditionnelle
Trajan – Carol Twombly d’après les inscriptions monumentales de la colonne Trajane à Rome
Banco –  Roger Excoffon avec quelque chose de l’expressionnisme abstrait et du travail au pinceau
Bebas Neue – Fontfabric d’après Ryoichi Tsunekawa, Dharma Type Foundry

Licence Creative Commons
Mars 2015 – «Pourquoi suivre une formation à l’image de l’écriture?» de Pascal Popesco est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Partage dans les Mêmes Conditions 3.0 non transposé

TroisPoints