Ateliers d’écriture champêtres au Festi’Vallée de l’Abeille Noire

Si certaines et certains connaissent mes activités apicoles et mon amour pour les abeilles, vous ne connaissez peut-être pas mon investissement dans l’association L’Arbre aux Abeilles.

Je vous laisse le plaisir de découvrir cette association, mais la phrase «une bonne nourriture pour les abeilles et pour les humains» est une belle image de son esprit, bien plus philosophique, politique et esthétique que cet «appel du ventre» pourrait le laisser croire.

Samedi 19 juillet 2025, le Festi’Vallée de l’Abeille Noire fut le point d’orgue festif de leurs actions.

Même si la présence d’un atelier d’écriture champêtre peut paraître surprenante, c’est spontanément que j’ai accepté la proposition de mon ami Yves d’offrir quelques nourritures spirituelles et scripturales.

Grand bien nous fit, car si ce Festi’Vallée «nouvelle formule» et cet atelier champêtre furent des premières… ils n’en furent pas moins des succès.

« Approchez, approchez
Mesdames et Messieurs.
La Poésie doit être faite 
par toutes et tous

disait un saint homme.
Oui, mais les moyens?
Les moyens les voici : 

vous aussi Madame, 
vous aussi Monsieur, 

vous pouvez être poète.
Sans souffrance et sans gloire
Sans muse ni poussière,
Sans labeur et sans luth.
Simple – facile – pratique…
Économique – souple – inodore…
Les “machines à écrire” 
de Pascal Popesco 

augmentent votre personnalité 

en la supprimant ».

Mais il est tant de me taire… et de laisser les mots et les images des autrices et auteurs s’exprimer.

Atelier avec le «Jeu des mots et du hasard» de Paul Nougé

Qu’il te souvienne,
le rire sur tes lèvres,
dans le passé,
la rue tortueuse,
effacée.

Qu’il te souvienne,
dans le passé,
la rue tortueuse ,
le rire sur tes lèvres,
tu es passée.

Aurore

***

La porte s’ouvre
Le soleil
Si tu voulais

***

Au bord de l’eau pure
le bonheur
Entre donc
la nuit sans contour
si les yeux s’ouvraient…

Le soleil
Ton amour
la porte s’ouvre
c’est la ville aux mille portes
ton visage s’illumine
Rien n’est perdu

Nat

***

Le vent sur toi
Personne n’est venu
Mais moi qui suis là

Éric

***

C’est pour demain que le ciel tombera
C’est pourquoi nous rirons à gorge déployée
Ainsi la tempête s’apaisera
Et à la poupée, nous continuerons de jouer

Tany


Atelier «Écrire avec Paul Nougé»

La Chambre mystérieuse

Elvire est une jeune poétesse très inspirée.
Elle n’est pas comme certaines personnes pour qui la poésie est toujours trop inaccessible et le langage trop alambiqué.
Elle sait que la poésie est nécessaire à la vie qu’elle entend mener !
Non seulement sa pensée et ses sens, mais son cou, ses bras et ses épaules sont dévoués à cette passion chaque matin !
Fréquemment elle se sent investie de cette vocation qui lui paralyse les membres, la tête, tout le corps.
Elle n’emploie jamais que de jolies phrases. L’été cela la rafraichit, l’hiver, elle se tricote les mots et est vite réchauffée.
Aussi , elle jouit d’une vocation qui lui assure une joie de vivre.
Regardez comme elle est heureuse et joviale. C’est la poésie qui lui donne cet art de vivre.
Suivez l’exemple d’Elvire.

Paul Nougé et Éric

***

La Elvire langue

Elvire est une fleur rare, une edelweiss très épanouie près du ciel.
Elle n’est pas comme certaine fleurettes pour qui le cou est toujours trop « tortue » et le mollet trop œuf.
Elle sait que la finitude est nécessaire à la vie.
Non seulement sait que mémoire volette et ses souvenirs papillonnent, mais son cou, ses bras et ses épaules sont systématiquement à l’assaut de la forge chaque matin.
Fréquemment, elle se remémore les différentes parties de la tête, tout le corps.
Elle n’emploie jamais que des verbes conjugués au futur: l’été cela la moissonne, l’hiver elle se givre et est vite givrée. Aussi, elle jouit d’une lumineuse présence.
Regardez comme elle est flexible et intemporelle : c’est l’altitude qui lui donne cette hauteur.
Suivez l’exemple d’Elvire… Elle vire de bord loin des sombres rivages.

Paul Nougé et Carole

***

Elvire la magnifique girafe

Elvire est une magnifique girafe très appréciée dans son groupe.
Elle n’est pas comme certaines girafes pour qui la vie est toujours trop dure et le vivre ensemble trop insupportable.
Elle sait que la sieste est nécessaire à la digestion des feuilles de ces grands arbres.
Non seulement: sa démarche est mal assurée et ses jambes tellement longues qu’elle en titube, mais son cou, ses bras et ses épaules sont terriblement douloureuses, et prennent un temps fou à se mettre en route chaque matin.
Fréquemment elle se démène pour pousser un cri, mais aucun son ne sort de son long cou, ses cordes vocales sont coupées, la tête, tout le corps.
Elle n’emploie jamais que de la convivialité pour survivre en groupe. L’été cela la protège des lions, l’hiver elle se rêve dans un autre pays, autre paysage et est vite déprimée de ne pas être un animal plus léger, plus habile.
Aussi elle jouit d’une grande réputation.
Regardez comme elle est à l’aise dans sa savane et ses steppes. C’est elle la reine des animaux qui lui donne ce panache.
Suivez l’exemple d’Elvire la girafe.

Paul Nougé et Marilo

«Les Haïkus approximatifs» : atelier-conférencé

Après le mariage
Les oiseaux chanteurs
Es-tu la même

La rivière d’été
La joie de traverser
Pour celui qui part

Les pierres sont partout
Neige qui tombait sur nous
Il est transi

Moineaux, vos manèges
vont changer la neige
Mon reflet

Là où je vis
Le passage est ouvert
Le temps l’efface

Lucile

***

Le chant de la cigale
Monte en fumée de la cuisine
Le blanc de sa fleur

Dans les soleils couchants
Le hêtre noir
Oublie ses racines

Les patates du voisin
Tombent d’un haut nuage triste,
Le laisser seul, quel dommage

Le printemps venu,
J’écris des suppliques
Aux puces et aux moustiques

Son cœur d’hirondelle
Perché sur la branche,
M’entraîne à mourir

Dormir toute une nuit
Dessine le chemin
Du temps immobile

Rien de plus
Qu’un homme et un moineau
Ouvrit son petit bec

L’eau est sèche
Le rossignol se perche
Sur la tête des carpes

Les oiseaux chantent
Es-tu la même
Après le mariage?

Là où je vis
Le chien noir et fou
Dessine des sourires

Là où je vis
Les feuilles de peuplier
Tremblent fiévreusement

Carole

***

Orchidée du soir
Si l’on entendait
La trace d’un songe

De temps en temps
Grande patience
D’appâter le soleil

Devant les cerisiers fleuris
Chante sur deux notes
Matin de printemps

Nat

***

Dans les jeunes herbes
déborde de vie
Elles font des arabesques

Ce matin d’automne
je me sens vieilli
Pense à la durée

Rentrant de boite nuit
j’ai vu des lucioles voler
sur les écrans de papier

À l’ombre des fleurs
Dormir toute une nuit
un temps immobile

Là où je vis
Le faillard et le granit
reflètent dans ma vie

Là où je vis
Le doux son des clapotis
Ombre et lumière à l’infini

Marilo

***

Peau conte écorce
Couverte de gelée
Rien d’autre aujourd’hui

Sous la lune du soir
Maman
C’est maintenant l’automne

Le travail des radicelles
Me fait rigoler
On ne sait jamais

Là où je vis
Quitter la lumière
L’ombre n’est jamais sûre

Anne


Au Festi’Vallée de l’Abeille Noire,
samedi 19 juillet 2025